|
Interview de Dominique Hummel
| sid2 • Pilier de l'Aérobar
Sam 26 Avr 2008 - 19:48 | |
| Le 5 avril, le Futuroscope inaugurait sa nouvelle attraction, en première mondiale, les Animaux du Futur, basée sur la technologie de la réalité augmentée. Une façon pour le parc de se diversifier un peu en s’affranchissant encore un peu plus du tout-cinéma.
Peu avant cette inauguration, le directeur du directoire du Futuroscope (le Big Boss, en somme), Dominique Hummel nous a très aimablement accordé une interview. Il revient à cette occasion, sur la genèse des nouveautés de cette année, sur la politique générale du parc et sur bien d’autres choses. Après un laborieux travail de retranscription nous sommes fiers de vous présenter cette interview qui, chose rare dans le milieu des parcs, est exempte de langue de bois. A lire de toute urgence , donc! (propos recueillis par Zygo, et retranscrits par l’équipe de CP)
Q/ Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs. Quel parcours vous a amené à la votre fonction au sein du Futuroscope ?
Je suis président du Directoire depuis fin 2002 et comme j’ai 54 ans, j’ai fait d’autres choses avant. J’ai été appelé à cette fonction parce que entre 1992 et 1998 j’ai bien connu le Futuroscope, j’étais à ce moment le Directeur de la région Poitou-Charentes (directeur de la collectivité régionale) au moment où Jean-Pierre RAFFARIN était président de la région Poitou-Charentes et donc j’ai connu le dossier Futuroscope sous l’angle recherche et entreprise. Je suis ensuite passé dans le secteur privé. J’étais alors le président d’une société également installée sur le Futuroscope dans le secteur de la distribution de biens d’équipements et d’équipements automobile. Finalement ce site, je l’aurais connu au travers de ses 3 composantes : comme directeur de la région sous l’angle recherche et grandes écoles, sous l’angle entrepreneurial de 1998 à 2002 à travers cette présidence de société qui s’appelait TGA, et puis maintenant l’activité de loisirs.
Q/ Comment situez-vous le parc du Futuroscope par rapport à d’autres parcs d'attractions, disons plus classiques ?
R/ Depuis l’ouverture du Futuroscope, il y a 20 ans de cela, nous essayons de nourrir une différence autour de ce que l’on pourrait appeler la marque de fabrique du parc, c'est-à-dire le mélange du ludique et du pédagogique. Nous sommes clairement un lieu de divertissement et pas un lieu de formation, mais nous considérons que le plaisir peut faire grandir. C'est-à-dire qu’on peut additionner des contraires : à la fois donner de l’émotion, donner de la sensation, et en même temps apporter la découverte. Je crois que c’est vraiment cela l’essentiel de notre différence.
Q/ Quel est votre cœur de cible ?
R/ Le cœur de cible, c’est un concept de moins en moins pertinent pour nous. Il est évident que les familles sont très importantes dans un parc de loisirs, mais finalement, tout le monde a envie de loisirs ! Tous ceux qui veulent se divertir nous intéressent quelle que soit la catégorie sociale, la catégorie d’âge. La famille est donc évidemment un cœur de cible, mais aussi les jeunes adultes qui, vous le savez, sont de grands consommateurs de parcs de loisirs et représentent une part importante de notre clientèle. Enfin, nous avons des clientèles un peu dédiées, la clientèle scolaire en particulier qui représente 20 % de notre fréquentation.
Q/ Quelle est la durée moyenne de visite sur le parc ?
R/ Les 10 premières années le Futuroscope était un parc d’un jour et puis il a dopé son offre pour faire en sorte que les gens séjournent sur place, passant du statut de parc de loisirs à parc de resort. Cela l’a conduit à passer à une offre de 2 jours il y a 10 ans.
Aujourd’hui, une grosse moitié de nos visiteurs reste deux jours, et une petite moitié reste une journée. Ce sont 2 marchés assez différents. Ceux qui restent une journée sont plutôt des personnes assez proches géographiquement du parc et qui viennent pour du loisir pur. Ceux qui restent 2 jours viennent de plus loin, programment leur déplacement… Dans ce cas là, nous sommes vraiment dans une logique de petites vacances, planifiées plus longtemps à l’avance, qui intègrent du transport et de l’hébergement. Ces visiteurs là restent évidement deux jours sur le parc et de plus en plus font autre chose autour : nous avons une progression importante des doubles nuitées, les personnes restent deux jours et deux nuits, et le 3ème jour font autre chose que le Futuroscope.
Q/ Depuis l’ouverture du parc, le Futuroscope a été comme un aimant. De nombreux parcs se trouvent désormais dans la région.
R/ Oui, d’une part nous avons une grosse capacité hébergement, il y a plus de 10 hôtels qui offrent plus de 4500 lits : c’est, je crois, la capacité hôtelière de Cannes. Nous avons aussi effectivement une bonne offre de loisirs dans la Vienne avec des parcs animaliers. En fait il est possible de voir l’offre touristique de la Vienne basée sur trois pieds. Un pied, qui serait le parc de l’image et du futur, un pied que sont les parcs animaliers (Volerie des Aigles, un parc dédié aux singes, un autre aux serpents, et dès cette année, l’ouverture de Planète Crocodiles) et bien sûr, le troisième pied rassemblant tout le patrimoine historique avec, Poitiers, les églises romanes, et encore plus loin, les Châteaux de la Loire et le Marais Poitevin.
Q/ On connaît tous l’aspect « parc » du Futuroscope, beaucoup moins le côté « centre de conventions et de congrès ». Comment se fait la communication avec les entreprises? Est ce que vous mettez aussi la partie parc d'attractions en avant comme un argument de vente ? Est ce que les entreprises qui louent les salles vont aussi sur le parc?
R/ Le palais des congrès fait partie du Futuroscope, c’est une filiale du parc. Le palais des congrès est clairement un atout commercial pour le Futuroscope et le Futuroscope est un atout commercial pour le palais des congrès. Environ 30 000 visiteurs par an viennent parce qu’ils sont en congrès ou en séminaire. A part quelques opérations régionales du type salon de l’habitat, salon du mariage mais qui ne sont pas très importantes, l’essentiel de nos offres de séminaires associent le parc du Futuroscope sous des formes variables. Cela peut être un pavillon privatisé, cela peut être des dîners sur le parc et nous avons souvent des soirées sur le parc avec le spectacle du soir que nous proposons toute l’année.
Q/ Quelle est l’attraction qui rencontre le plus de succès chez vos visiteurs ?
R/ Nous avons 5 attractions qui se tiennent dans un mouchoir de poche avec des classements qui varient un petit peu d’une année à une autre. En 2007, le Pavillon de la Vienne est repassé en première position, mais il était en 3ème position en 2006. Une des raisons à cela a été l’ajout d’effets de salle de type 4D.
Q/ L'année 2007 a été une année spéciale par rapport à l'anniversaire du Futuroscope. Etait-ce une bonne année ?
R/ Oui, nous avons fait une excellente année. Nous aimerions bien sûr en avoir d’autres, mais je pense que l’effet anniversaire a joué. D’abord pour répondre à votre question, nous avons gagné 200 000 visites, ce qui est énorme avec une progression du chiffre d’affaire de 17 %. C’est une bonne année aussi qui nous a permis de dégager un profit, de redevenir bénéficiaires, après des périodes plus difficiles.
Q/ Quelle proportion a découvert le Futuroscope via l'opération "anniversaire"?
R/ Ce n’est pas une question facile ! Je vais y répondre indirectement. Sur les 200 000 visiteurs annuels de progression, nous pensons, mais nous pouvons nous tromper, qu’environ un tiers est vraiment du à l’impact de l’anniversaire. Bien entendu nous n’avons pas été les seuls à fêter notre anniversaire, et c’est un évènement qui attire toujours des visiteurs. Donc un tiers de la croissance poussée par l’effet anniversaire. Il faut aussi considérer les primo-visiteurs qui auraient profité de l’année anniversaire pour venir, mais c’est beaucoup plus difficile à mesurer. Pour simplifier, nous avons 60 % de revisites et 40 % de primo-visites, de même pour la croissance annuelle. Pour résumer sur l’augmentation de la fréquentation de cette année les primo-visites représentaient 40%, et nous considérons qu’entre la moitié et un tiers de ces primo-visites supplémentaires étaient motivées par l’anniversaire. Nous pensons donc au final qu’une dizaine de milliers de visiteurs supplémentaires sont venus pour la première fois attirés par l’effet anniversaire.
Q/Vous ouvrez cette année l’attraction les Animaux du Futur combien de temps y a-t-il eu entre la mise en projet et la construction, quelles ont été les plus grandes difficultés pour mener à bien ce projet ?
R/Pour les projets lourds, qui supposent à la fois une construction de bâtiments, la maîtrise d’une nouvelle technologie, et un contenu de type artistique comme c’est le cas des Animaux du Futur, nous avons des durées de gestation qui sont de l’ordre de celles des grand mammifère marins (rires), donc nous nous situons aux alentours de 3 ans. En somme, l’idée était née un petit peu avant, mais nous avons sérieusement travaillé pendant 3 ans sur le projet. | |
|
| | sid2 • Pilier de l'Aérobar
Sam 26 Avr 2008 - 19:50 | |
| Q/ Comment comptez vous vendre les Animaux du Futur, une communication axée sur le coté technologique de l’attraction, ou plutôt sur le coté rêve et illusion de ces animaux ?
R/ Nous n’allons nous priver d’aucune de ces deux possibilités et, en fonction de la cible nous pousserons certainement le curseur dans un sens ou dans l’autre. Globalement, à la télévision (puisque nous avons démarré une campagne télévisée, samedi), comme c’est assez compliqué d’expliquer ce que c’est la réalité augmentée dans un spot de 30 secondes, nous avons fait le choix de plutôt mettre en avant les animaux, donc le coté « safari du futur ». Dans la communication qui nécessite des messages courts (spot télévisé, affichages), l’accent est plutôt mis pour des questions de compréhension et d’efficacité du message, sur le contenu, c'est-à-dire les animaux du futur. Mais dans une communication plus explicite, ce que permettent par exemple des interviews, comme celle que nous sommes en train de faire, ce que permet l’écrit en général, donc les brochures en particulier, ou encore le site internet, nous avons une communication qui cible plus le thème de la réalité augmentée. Je vais ajouter un dernier point, au fond, ce qui compte, c’est bien sûr ce que nous disons, mais encore plus ce que les gens vont en dire quand ils vont quitter le parc. Sur notre activité, les deux tiers des visites sont motivées par le buzz, le bouche à oreille. Donc la question c’est : qu’est-ce que les gens vont raconter en quittant l’attraction ? Réponse dans 15 jours ! L’intuition que nous avons pour l’instant, c’est que les gens vont surtout parler de l’expérience de réalité augmentée plus que les animaux.
Q/ En plus des Animaux du Futur vous ouvrez également la Citadelle du Vertige, pouvez-vous nous en dire plus ; quelles sont les autres nouveautés pour cette saison ?
R/ Tout d’abord, ces nouveautés sont ouvertes depuis le début de la saison en février. La citadelle du vertige est située dans un bâtiment qui existait, le bâtiment 360°, mais dont on a sorti le cinéma pour faire autre chose. C’est cette idée de diversifier l’expérience du visiteur à laquelle je tiens beaucoup, pour sortir du « tout image », en tout cas du « tout cinéma » et aller vers des expériences plus riches. Là c’est assez insolite, puisque nous avons marié deux personnages qui sont des monstres sacrés l’un et l’autre et qui ne s’étaient jamais rencontrés. D’une part, Gérard Majax, le magicien qui a inventé un système qui s’appelle l’Hallucinoscope (j’en parle dans un instant). Et puis le deuxième personnage, c’est un des monstres sacrés de la BD française, c’est Moebius, alias Jean Giraud, responsable entre autres du fameux Lieutenant Blueberry, le « cow boy français », mais qui est aussi fondateur de Pilote. Il y a également tout un monde qui s’appelle le « Garage Hermétique » qui est plutôt un monde de science fiction dans lequel il a beaucoup produit. Il a par ailleurs fait les décors du 5ème élément de Luc Besson, il a travaillé pour le cinéma avec des personnalités comme Chabrol, mais il a aussi créé un magasin pour Sony à Los Angeles, donc c’est un artiste très éclectique.
L’idée était assez simple, c’était non pas de lire une Bande Dessinée, mais de vivre la Bande Dessinée, de la vivre à travers une expérience insolite qui consiste pour simplifier à créer des décors inspirés de la bande dessinée de Moebius, les accrocher au plafond et marcher dessous avec les lunettes de Gérard Majax qui sont en fait des miroirs placés sous vos yeux qui réfléchissent le plafond. Ca vous donne donc le sentiment du vertige, surtout le sentiment de marcher au plafond, de traverser la matière et d’être en lévitation. Donc c’est un parcours assez curieux en termes d’expérience, et qui se fait dans cet univers de science fiction très onirique qui est celui de Moebius.
Je connais bien ce type d’attraction car la première ouverte se trouvait à la mer de sable.
Oui, elle a d’ailleurs été fermée, l’autre se situe au musée de la magie à Blois, où elle existe toujours dans un univers qui est plutôt celui de Jules Verne. Là, l’idée pour nous c’était d’inviter la Bande Dessinée qui manquait au Futuroscope, et dans la Bande Dessinée de choisir un univers de science fiction, un univers très imaginaire, donc l’avantage par rapport à ce qui existe ailleurs, ca serait la manière dont nous l’avons mis en scène. Vos attractions sont basées sur les dernières technologies en matière cinématographique, quel est le taux de renouvellement de ces attractions ? Il y a deux points à aborder. Vous avez raison globalement, mais de moins en moins, au sens où nous avons introduit des nouveautés comme la Citadelle du Vertige, Danse avec les Robots ou encore un parcours dans le noir il y a deux ans, bref, nous ne sommes pas prisonniers du « tout cinéma ». Je tiens beaucoup à dire cela, car l’idée est de diversifier l’expérience, surtout quand vous êtes dans une logique de revisite, celle qui nous porte depuis maintenant 3 ans. Le visiteur veut découvrir des choses qui restent dans l’esprit du lieu mais pas forcément toujours les mêmes technologies. Pour répondre à votre question nous avons abattu une sorte d’équation de survie qui est l’équation des 10-20-60. Nous voulons changer 20% du contenu par an, pour cela nous devons investir 10% de notre chiffre d’affaire, c'est-à-dire 7 millions d’€ et ca doit nous permettre d’assurer ce mouvement de revisite qui est notre équation de survie, car quand on a accueilli 35 millions de personnes, il n’y a pas d’autre avenir que de faire revenir une partie de ces gens là. Donc nous pensons que 60% de nos visites peuvent êtres constituées par des re-visiteurs. Donc pour consolider ces 60% de revisites, chiffre auquel nous sommes arrivés depuis 3 ans, il faut modifier 20% du contenu et investir 10%. Pourquoi 20% ? Parce que celui qui revient tous les 3-4 ans voit de vrais changements, or, la revisite dans un parc comme le notre, c’est tous les 3 ou 4 ans. C’est en somme un raisonnement de bon sens. Nous nous efforçons donc d’assurer un niveau de renouvellement important qui représente 5 à 6 nouveautés par an. Elles ne sont pas toutes d’envergure comparable, entre une nouvelle programmation dans une salle Imax, et à l’inverse un nouveau bâtiment avec une nouvelle technologie et un nouveau contenu avec les animaux du futur, il y a tous les intermédiaires, y compris ce que j’évoquais avec la Citadelle du Vertige qui permet à partir d’un même bâtiment de proposer autre chose. Donc nous jouons le renouvellement sur tous les axes mais de sorte à vraiment assurer ces 6 nouveautés par an.
Q/ Comment suivez-vous les avancées technologiques ? Quelles sont les technologies à venir que l’on pourrait voir arriver au Futuroscope ?
R/ Je n’en sais rien, et si je le savais, je ne vous le dirais peut-être pas ! (rires) Comment on les suit ? Au pif ! Il y a beaucoup de bricolage dans cette affaire. Puisqu’on est dans les animaux du futur, c’est un peu comme l’histoire de l’évolution de la vie sur terre depuis des millions d’années : ça bricole en faisant un peu le poids du hasard et de la nécessité, toujours finalement en clin d’œil avec la théorie de l’évolution. Alors, je dis au pif car il y a évidemment la profession qui organise des rendez-vous, les IAAPA. Mais, si on fait la même chose que les autres, cela n’a pas beaucoup d’intérêt. Après, il y a une deuxième idée qui est de piquer des choses à l’extérieur de notre métier et de les adapter. Les robots de l’industrie automobile, nous en avons fait des éléments de jeu pour l’être humain. La réalité augmentée, c’est une technique qui existe dans le secteur militaire, dans la fabrication d’engins, dans le secteur de la simulation en général. Donc c’est peut-être plutôt cela la piste : trouver des technologies qui sont bluffantes au niveau de l’expérience du visiteur et de les nicher dans notre « parti-pris Futuroscope » qui est d’amuser et d’enrichir les gens.
Q/ René Monory avait déclaré, « on ne construit pas l’avenir dans des caisses à savon », positionnant le Futuroscope comme un parc d’attractions atypique dans lequel les attractions scéniques sont légion et les attractions plus conventionnelles sont inexistantes. On a pourtant remarqué l’ajout intéressant d’attractions plus conventionnelles, Mission Eclabousse, Danse avec les robots, que l’on imaginait plutôt dans les autres grands parcs français ou européens. Le parc peut-il concilier ces deux visions ?
R/ Je suis d’accord avec vous pour Mission Eclabousse, mais qui n’a pas la même place dans notre offre que Danse avec les robots par exemple. Mais je ne suis pas d’accord pour des attractions comme Danse avec les robots, le parcours dans le noir ou la citadelle du vertige. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas parce que les robots existaient déjà ailleurs y compris dans un parc Lego du côté de la Bavière, que ce que nous en avons fait ne lui donne pas une identité « Futuroscopique ». Ce qui compte, c’est de raconter une histoire qui a du sens, ici, au Futuroscope, même si la technologie a déjà pu servir ailleurs, il s’agit ici de la remettre en scène pour l’inscrire dans l’identité du lieu. Je nous laisse la possibilité de faire cela, c'est-à-dire d’utiliser des choses exploitées ailleurs, mais de leur donner une mise en valeur qui fera que les gens ne diront pas « ça n’a pas sa place au Futuroscope ». Danse avec les robots, il y a un parcours d’accueil avant de rentrer dans la salle qui raconte l’histoire de l’homme avec les robots de 1920 à 2020, il y a cette dimension pédagogique. Le pavillon, lui-même, a ses objets qui bougent sur une jolie chorégraphie, les images sont toujours là à l’aide d’un écran cylindrique de 30 mètres de long et de 3 mètres de diamètre qui traverse la salle et on peut voir Kamel Ouali danser avec de vrais danseurs. Donc toute la mise en scène qui a été faite avec ces robots est complètement dans l’esprit du Futuroscope à travers cette rencontre de l’art et de la technologie. L’essentiel pour nous, pour répondre à votre question c’est de savoir comment à l’avenir nous allons donner au visiteur la possibilité de se dépenser un peu, c'est-à-dire de faire vivre son corps. Je crois beaucoup au fait qu’un visiteur de parc de loisir, veut trois choses, il veut, être ému, là nous parlons au cœur, il veut être secoué, en tout cas avoir une sensation physique, là on nous parlons au corps, et il veut (plus ou moins) découvrir quelque chose et là nous parlons au cerveau et chacun fait un peu son mélange pour faire en sorte qu’on touche les 3 dimensions de l’être humain qui nous constitue. Je pense que la force du Futuroscope c’est d’être très puissant sur l’émotion grâce aux grandes images qui sont formidables pour émouvoir, d’avoir une capacité pédagogique, y compris grâce aux images et donc de toucher le cerveau. A nous de trouver des réponses qui fassent que nous puissions apporter de la sensation, sinon nous ne sommes pas dans le marché. La sensation, oui, mais pas à n’importe quel prix. Pas la sensation purement « abêtissante », régressive, mais une sensation qui va apporter quelque chose d’étonnant qui n’existe pas ailleurs. Les robots, tels qu’on les a fait, ils n’existeront pas ailleurs, ils n’existent pas ailleurs. La réalité augmentée telle qu’on la propose c'est-à-dire appliquée aux animaux du futur, elle n’existera pas ailleurs. Donc tout ceci ca nous permet de chercher parfois des outils qui permettent notamment de mobiliser le corps et donc d’apporter la sensation, mais toujours dans une mise en scène qui est quand même inscrite dans notre identité. | |
|
| | sid2 • Pilier de l'Aérobar
Sam 26 Avr 2008 - 19:51 | |
| Q/ Peut-on par exemple imaginer un jour l’inévitable montagne russe au Futuroscope ?
R/ Non, pas une montagne russe, mais nous avons par exemple réfléchi à un « drop » qui s’appuierait sur quelque chose qui existe déjà ici, mais qui serait mis en scène autour des sensations de l’espace pour apporter un coté un peu plus formateur. Nous avons vu une attraction qui nous a beaucoup plu chez Walibi en Belgique, qui s’appelle Vertigo, où vous volez dans l’air avec un objet technologique magnifique. Il faudra toujours qu’il y ait une dimension artistique et donc que l’art croise la technologie, il faudra toujours que ça raconte une histoire et que ca ne soit pas vide de sens, nous cherchons, mais pour l’instant nous n’avons pas de projet précis.
Q/ Mais quand vous parlez de drop, vous parlez de chute libre, c’est ca ? Une tour de chute libre, comme la Tower à Disney, ce genre de choses ?
R/ On va dire quelque chose qui fait vivre la sensation de l’Espace.
Q/Quelles sont les visions de l’avenir du parc en termes de fréquentation et de superficie ?
R/ Alors en termes de fréquentation, ce qui nous importe, ce n’est pas forcément de faire du volume. Pour faire du volume, c’est de rester au dessus du million et demi de visiteurs par an parce que cela nous permet de gagner de l’argent, donc si on fait 1,7 million, on les prendra, mais nous n’avons pas un plan ambitieux qui dit « l’année prochaine +100 000, l’année d’après +200 000 ». Nous avons vu partout y compris autour de moi que tout ceci n’a pas beaucoup de sens. Nous sommes dans une activité qui est largement tributaire de la consommation en général et de l’appétit de loisirs en particulier, nous savons que les dépenses de loisir des français donnent une place de plus en plus importante aux nouvelles technologies avec les abonnements internet et l’ensemble des acquisitions d’outils donc il y a un vrai débat, une vraie concurrence qui n’est pas avec les autres parcs, mais qui est avec ce type de dépenses. Allez savoir dans 10 ans comment tout ceci va bouger. Ce dont nous sommes sûrs, c’est que si nous ne sommes pas différents, nous sommes morts. Donc il faut bouger, et je pense que nous le faisons et que nous le faisons bien. Pour donner envie aux gens de bouger jusque chez nous, il faut que nous ayons cette capacité de différence. Après, si nous pouvons rester entre 1,5 et 1,7 million, cela assure notre équation d’avenir, et cela nous va très bien.
Q/ Personnellement, quels sont les attractions, parcs qui vous attirent dans le monde ? Quelles attractions aimeriez-vous récupérer pour le Futuroscope ?
R/ Dans le monde de l’image d’abord, il y en a une très belle qui s’appelle Soarin' over California qu’on trouve à Disney en Californie et en Floride. C’est rigolo de voir que Disney y compris va chercher l’image et qui sera peut être à Disney. Voilà une belle attraction qui aurait complètement sa place ici.
Q/ Quelle image avez-vous des parkfans comme nous ? Est-ce important pour un parc d’avoir des fans ?
Et comment c’est important ! Parce que d’abord vous êtes des consommateurs, surtout vous êtes des buzzeurs entre guillemets surtout avec l’outil de la toile qui permet de répercuter des messages par le jeu des clics. Nous, nous sommes très heureux d’en avoir. On aimerait en avoir beaucoup beaucoup donc et à nous aussi de faire en sorte que cette communauté fonctionne. Je pense que ce que la profession découvre et nous avec elle, on va être obliger de plus en plus de fidéliser nos visiteurs. Ca c’est assez nouveau dans une activité qui a tellement eu de développement, de trafic de découverte, des gens qui découvrent des parcs d’attractions. C’est une activité qui a 20 ans en France, c’est une activité toute jeune et la problématique de la fidélisation est liée seulement maintenant. Qui dit fidélisation dit avoir des gens qui au milieu de ce noyau de fidèles le sont encore plus que d’autres et vont agglutiner en quelques sorte l’ensemble du visitorat. Pour nous, c’est un élément très important. On a plusieurs systèmes d’abonnement qui jouent le rôle dans cet esprit là mais c’est clair que les commentaires portés par les visiteurs tels qu’un fan club comme le votre qui est un buzzeur entre guillemets, on sait que c’est très important pour notre communication et on prend cela très au sérieux
Q/ Pour vous, quelle est votre attraction préférée au Futuroscope ?
R/ Les yeux grands ouverts. Pourquoi ? Parce que le parcours est un contrepied a l’image. On se prive de l’image mais on va chercher en soi celle que l’on a, c’est extrêmement puissant parce que c’est très jouissif de mobiliser ces autres sens et puis ce qui me plait dans cette attraction, et en cela elle est totalement "futuroscopique", c’est qu’elle a du sens et quand on mélange les sens et le sens, on est vraiment pile poil dans ce que j’appelais tous a l’heure notre marque de fabrique.
Q/ Pour conclure cette interview, nous vous laissons le mot de la fin.
R/ Et bien écoutez merci et rendez vous a tous vos "clubbers" sur le site des animaux du futur.
Merci beaucoup Monsieur Hummel d’avoir pris sur votre temps pour répondre à nos questions.
Ecrit par Interview par Zygo, retranscription par le Staff de CP | |
|
| | sid2 • Pilier de l'Aérobar
Sam 26 Avr 2008 - 19:51 | |
| |
| | Futurofan • Modéroscope
Sam 26 Avr 2008 - 20:23 | |
| Très intéressant même !!! Pourquoi pas un drop à Atlantis, le bâtiment est assez haut pour l'accueillir et en gardant l'écran ça pourrait être intéressant ! = Une chute libre en visionnant un film sur écran géant ! (Une attraction qui serait plutôt "Futuroscopique" lol) Ou bien on pourrait repenser à l'autre attraction de Kuka où l'on est face à un écran géant dans le vide, le Motion Theatre. |
| | TCJ • Administroscope
Dim 27 Avr 2008 - 18:50 | |
| - sid2 a écrit:
- Q/ Quelle image avez-vous des parkfans comme nous ? Est-ce important pour un parc d’avoir des fans ?
Et comment c’est important ! Parce que d’abord vous êtes des consommateurs, surtout vous êtes des buzzeurs entre guillemets surtout avec l’outil de la toile qui permet de répercuter des messages par le jeu des clics. Nous, nous sommes très heureux d’en avoir. On aimerait en avoir beaucoup beaucoup donc et à nous aussi de faire en sorte que cette communauté fonctionne. |
| | TCJ • Administroscope
Jeu 23 Sep 2010 - 0:00 | |
| Le site Effets-Spéciaux.info publie un entretien avec monsieur Dominique Hummel … Entretien avec Dominique Hummel, président du directoire du Futuroscope - Première partie Article Attractions du Lundi 20 Septembre 2010
Depuis son arrivée à la direction du Futuroscope fin 2002, Dominique Hummel a su dynamiser le parc en renouvelant régulièrement son contenu, en faisant des choix d’attractions toujours intéressants, et en cherchant à comprendre les aspirations et les rêves du public. Au-delà de l’évocation du succès de sa démarche, validée cette année encore par le triomphe réservé à l’attraction ARTHUR L’AVENTURE 4D, nous avons voulu comprendre comment il conçoit son métier, comment les principales attractions de ces dernières années sont nées, et quels sont les projets qui nous attendent dans le futur. Les amateurs d’attractions pourront découvrir des révélations fort intéressantes au cours de cette série d’entretiens, dont nous vous proposons aujourd’hui le premier volet…
Propos recueillis par Pascal Pinteau
Pourriez-vous nous raconter votre parcours avant votre arrivée au Futuroscope ?
J’avais la connaissance à la fois du secteur public et du secteur privé, grâce à un parcours qui m’a conduit tantôt dans l’entreprise, tantôt dans la collectivité locale. Cette « double culture » m’a permis de parler « les deux langues », du public et du privé, ce qui est très important ici en raison du double chromosome du Futuroscope, qui doit également engendrer des bénéfices pour poursuivre son développement.
La seconde raison est une question de contexte. J’ai travaillé pendant de nombreuses années avec Jean-Pierre Raffarin et collaboré sur de nombreux dossiers avec René Monory. La confiance de ces deux décideurs locaux a été déterminante. Compte tenu de la situation de crise fin 2002, pour créer un nouveau projet et trouver un second souffle, il était important pour eux de trouver quelqu’un sur lequel ils allaient pouvoir compter. De 1992 à 1998, en tant que directeur général des services de la région, je dirigeais l’administration de la Région Poitou-Charentes, présidée à l’époque par Jean-Pierre Raffarin. Premier ministre en 2002, au moment où le Futuroscope était dans l’impasse, il se sentait très concerné par le dossier.
Dans le privé, entre 1998 et fin 2002, j’ai passé cinq années en tant que PDG d’une entreprise de travaux publics, localisée sur la technopole du Futuroscope, ce qui m’a permis d’apprécier la dimension économique du site. J’ajoute qu’au moment où je travaillais aux côtés de Jean-Pierre Raffarin, se concevait tout le programme universitaire « Université 2000 » sur le site du Futuroscope. J’ai donc appréhendé aussi la troisième dimension du Futuroscope, c’est à dire le développement universitaire, et l’émergence d’un pôle de recherche et de formation, unique en France.
Il n’existe pas de formation spécifique à la direction d’un grand parc à thème. Comment avez-vous appris ce métier si particulier qui est devenu le vôtre, et comment vous êtes-vous préparé à relever le challenge qui consistait à remettre le parc sur les rails après des années difficiles ?
L’école du management est une école d’humilité. Les deux premières années ont été des années d’apprentissage. Dès le départ, j’ai pensé qu’au-delà des attractions il fallait plus de vie dans le parc. L’intuition était juste, malgré les tâtonnements du début. Je dois dire qu’il y a toujours eu ici une bonne équipe, de bons collaborateurs. Le Futuroscope, c’est une entreprise dans laquelle les gens ont su garder leur enthousiasme, même si la crise de 2002 a forcément laissé des traces. Il n’empêche, il y a toujours ce feu intérieur qui fait que j’ai auprès de moi une vraie qualité, notamment chez les cadres dirigeants.
Ensuite, je me suis ouvert sur l’extérieur, pour avoir une connaissance de l’offre de loisirs et des parcs. J’avais l’intuition à l’époque, qu’il fallait répondre aux standards du marché, car avant d’être différent, il faut être ressemblant. Les gens qui viennent au Futuroscope vivent d’abord une expérience de parc à thème. Ensuite, ils veulent y trouver « le plus », la différence. Mais dans un premier temps, il faut d’abord être au rendez-vous des standards. Une fois cet objectif atteint, il fallait que nous développions notre identité, afin que la visite du parc soit bien une expérience unique. Nous avons su mobiliser autour de nous un certain nombre de prestataires qui connaissent bien ce métier.
Le parc, pour être équilibré financièrement, devait accueillir plus de deux millions de visites. Son point mort se situait très exactement à 2,2 millions de visiteurs. Et le parc perdait plus de 25 millions d’euros cette année-là, sur un chiffre d’affaires de 60 à 65 millions d’euros. C’était donc catastrophique. La première étape a été de réduire la voilure, de redimensionner, et descendre le point mort à un niveau plus acceptable. C’est ainsi que nous avons initié 250 départs volontaires en 2003, impliquant une réorganisation profonde. Dès 2003, nous avons pu ramener le point mort à 1,3 millions de visiteurs. Aujourd’hui, nous avons plus de 1,8 millions de visiteurs, ce qui fait que le parc est redevenu bénéficiaire.
Une fois ce travail réalisé, la seconde étape a consisté à imaginer un nouveau développement. Au moment où je suis arrivé, tous les professionnels des parcs à thème se posaient la même question : « Peut-on avoir une seconde vie dans ce métier ? ». Partout dans le monde, mais singulièrement en France, tous les parcs sont confrontés à l’effritement de leur clientèle de découverte. La « lune de miel » dure un certain temps, avec un trafic important de visiteurs. Puis il faut donner aux gens l’envie de revenir. Ce sont des notions basiques, mais capitales. Il ne faut pas oublier que le Futuroscope est l’un des premiers grands parcs construits en France, en 1987. Quand je suis arrivé, nous nous trouvions à ce moment crucial du virage où il fallait trouver comment rebondir.
Le parc ayant déjà accueilli 25 millions de visites au début des années 2000, il fallait donc miser sur le « revisiteur ». Ce revisiteur est plus facile à convaincre qu’un « primo-visiteur », car il suffit de lui prouver qu’il y a suffisamment de changements pour lui donner envie de revenir et de le partager avec les siens. C’est à ce moment-là que nous avons bâti la règle du 10/20/60, qui consiste à investir 10% du chiffre d’affaires chaque année pour renouveler 20% du contenu et arriver à générer 60% de revisites. En 2003, il y avait un peu moins de 40% de revisites. Cette année, il y en a plus de 60%, soit 1,2 millions de revisiteurs. C’est un effort de renouvellement important, mais il faut trouver le bon dosage entre ce que l’on conserve et ce que l’on change. Et faire en sorte que les changements soient des changements majeurs et non pas simplement un nouveau film Imax présenté dans un pavillon Imax. (Suite de l'entretien, bientôt) | |
|
| | TCJ • Administroscope
Mer 29 Sep 2010 - 18:18 | |
| … Suite de l'entretien avec Dominique Hummel, du site Effets Spéciaux.infoPropos recueillis par Pascal Pinteau
Quelles ont été les premières choses que vous avez apprises en arrivant, et les découvertes les plus surprenantes que vous avez faites en relevant ce défi ?
Il y en a un certain nombre. En intuition marketing, j’ai tout de suite pensé que nous avions intérêt à nous adosser à la créativité française, et aux acteurs du monde du divertissement et de l’image de notre pays. Au-delà d’une approche marketing, j’ai cherché des signatures pour cultiver la différence entre le Futuroscope et des parcs comme ceux de Disney. J’ai donc approché des artistes qui avaient envie de travailler avec le Futuroscope. C’est ce qui avait déjà été fait il y a très longtemps avec Jean-Jacques Annaud, lorsqu’il avait réalisé le film LES AILES DU COURAGE pour le Parc. J’ai pris mon bâton de pèlerin et j’ai pu constater que le Parc avait une très bonne image. Ensuite, il a fallu apprendre à travailler avec des artistes, car on ne peut pas fonctionner avec eux comme on le fait avec un prestataire de service auquel vous faites revoir sa copie si cela ne va pas. L’artiste, lui, est dans son œuvre. Vous prenez donc avec lui le risque de l’œuvre. Pas toujours évident d’être en phase… Luc Besson a été très à l’écoute et a tenu compte de nos indications. Cela n’a pas toujours été le cas.
Ensuite, j’ai tenu à développer l’aspect vivant du parc, car beaucoup de nos attractions étaient basées sur l’image et la technologie. Or le parc ne pouvait être qu’un écrin pour un contenu. Il fallait trouver une vraie ligne éditoriale autour du futur, qui est une thématique sur laquelle nous travaillons toujours. Je crois que toute l’équipe est contente d’être sortie du côté « monoproduit image et Imax ». On ne pouvait pas tout miser sur la technologie pour la technologie. Nous avons donc travaillé en ce sens. A terme, dans les trois ans, cette évolution devrait nous permettre de présenter un tiers d’images à contempler dans leur pur écrin technologique, avec le summum de la qualité, puis un tiers d’images « à vivre » avec le cinéma dynamique, l’interactivité, et puis un tiers de spectacle vivant, comme avec l’attraction « DANSE AVEC LES ROBOTS ».
Quels sont les outils qui vous ont permis de connaître les goûts et les souhaits de votre public, puis d’aller au-devant des visiteurs potentiels qui n’avaient pas encore découvert le parc ?
Nous faisons beaucoup d’enquêtes pour connaître les réactions des visiteurs. Le Futuroscope est l’une des entreprises les mieux structurées sur la connaissance de soi. Ici nous avons trois leviers pour agir : l’attractivité, la satisfaction et le compte d’exploitation. Évidemment les deux premiers se rejoignent dans le troisième, puisqu’ils déterminent ses résultats. Mais il faut savoir analyser tout cela. Comme disait Ford « Si j’avais fait ce que mes clients demandaient, j’aurais construit des calèches avec des chevaux qui avancent plus vite, mais je n’aurais jamais inventé la voiture. » La plupart des innovations sont des ruptures. J’adore cette formule de Tristan Bernard, le grand homme de théâtre, qui disait « Il faut surprendre le public avec ce qu’il attend. » C’est magnifique, parce qu’au-delà du théâtre, cela définit aussi ce qu’est le marketing. Car le public peut vous dire « Ah, bien j’avais envie de cela, mais je n’aurais jamais été capable de le formuler ». Je m’intéresse beaucoup à la sociologie de la consommation. Je milite beaucoup pour ce genre d’études, car il faut que l’on réponde à un besoin sociétal, surtout dans cette période de crise. Il faut que nous arrivions à comprendre et à anticiper les aspirations des gens, car notre visiteur ne nous dira pas quoi faire.
Nous aimerions revenir sur les attractions que vous avez lancées depuis votre arrivée, en vous demandant d’évoquer chaque fois comment l’idée de l’attraction est née, comment vous l’avez réalisée, quelles ont été les difficultés inattendues liées à ces créations et enfin quelles ont été les réactions des visiteurs qui vous ont le plus marquées…
Le fonctionnement que nous avons mis en place, pour compléter ce que je disais précédemment sur la règle des 10/20/60, c’est de faire intervenir une attraction star tous les deux ans, qui va engloutir à elle seule presque l’intégralité des 10% du chiffre d’affaires. Celle-là, c’est la locomotive qui va tirer le parc pendant deux ans, et il faut que l’on puisse communiquer dessus et qu’elle génère une satisfaction importante. Il faut qu’elle nous amène plus de monde et qu’elle rende les visiteurs encore plus heureux d’être venus. C’est ainsi que nous avons fait VOYAGEURS DU CIEL ET DE LA MER en 2004, qui était un investissement de 6,5 millions d’euros. En 2006, c’était DANSE AVEC LES ROBOTS, 7 millions d’euros, en 2008 LES ANIMAUX DU FUTUR, et en 2009/2010, ce fut ARTHUR L’AVENTURE 4D. A 500 000 euros près, les coûts de ces attractions sont à peu près les mêmes. Après j’ai voulu introduire un deuxième niveau, qui est celui des attractions de reconversion. Il s’agit alors de ne pas refaire le bâtiment, mais de renouveler la technologie ou le contenu. Nous essayons de parvenir à ce but en réalisant des investissements de 2 à 3 millions d’euros. Il y a enfin un troisième niveau, où l’on ne touche ni au bâtiment ni à la technologie, et c’est là que Imax et d’autres fournisseurs nous aident beaucoup. Cette approche nous permet de conserver un rythme de renouvellement perpétuel de 20% du contenu, avec cette triple hiérarchie.
Revenons donc à VOYAGEURS DU CIEL ET DE LA MER…
Le choix de cette attraction s’est fait naturellement, car le tapis magique que vous connaissez bien, en tant que spécialiste de l’image, est un pavillon unique au monde, puisqu’il propose une double projection Imax, devant et sous les pieds des spectateurs qui voient une image sous leurs pieds, au travers d’un sol de verre. J’avoue que pour moi, cette expérience dans son état actuel pose problème, et nous réfléchissons à une solution qui consisterait à retirer les fauteuils de la salle, de manière à obtenir un effet plus proche de SOARING OVER CALIFORNIA (Attraction Disney présentée dans les parcs California Adventure et EPCOT, NDLR.) Malgré cela, c’est un bâtiment qui devenu une des icônes architecturales du parc, mais aussi, au début des années 2000, un des symboles de son non-renouvellement, avec le film dédié aux papillons monarques présenté depuis l’ouverture. Ce bâtiment étant unique, il nous imposait d’initier notre propre production de film, et j’étais convaincu que Jacques Perrin serait le partenaire idéal, car il s’est imposé comme un cinéaste qui est un poète de la nature. J’ai donc entrepris de convaincre tout le monde, y compris Perrin lui-même, qu’il fallait que ce soit lui qui crée le film. Après, il a fallu qu’il découvre le format Imax. Et que nous découvrions sa manière de faire. Perrin lance ses équipes sur un projet, puis il accumule les images. Je dirais que sur le papier, le choix était le bon, mais que le contenu final du film était un peu moins au rendez-vous, parce que cela manque d’histoire. Il faut toujours une histoire…Même dans l’univers pédagogique, c’est la règle universelle. Montaigne disait « Je n’enseigne pas, je raconte ». C’est ce qui explique qu’il y a eu des réactions contrastées autour de cette attraction. Les gens amoureux des grandes images, plutôt plus âgés ont aimé, tandis que les jeunes, évidemment, ne s’y retrouvent pas. Il y a un effet technique à améliorer, car les fauteuils gênent la vision de l’image du dessous, mais nous y travaillons. Il y a donc eu une réponse mitigée sur ce premier acte un peu courageux, qui était tout de même une rupture avec l’axe du Futuroscope ancienne version. Nous voulons nous adresser à la fois à la tête, au corps et au cœur des visiteurs dans chaque attraction, et renouer avec les standards de la profession en matière de sensations. Pour l’étape suivante, je voulais faire un pas de plus dans la sensation, sans passer par l’écran.
C’est ce qui vous a conduit à imaginer DANSE AVEC LES ROBOTS…
Oui, car il fallait trouver une idée de manège, sans que l’on se mette à dire « Tiens, ça y est, ils font des rollercoasters comme tout le monde ! » Et tomber sur ces robots a été une jolie découverte, qui a rapidement convaincu les élus de la région. Nous sortions du monde de l’image pure, même si le grand écran cylindrique qui traverse la salle présente les images de Kamel Ouali et de ses danseurs. Avec les robots, nous étions dans une thématique nouvelle, cohérente, très « Futuroscopienne » ! Cette attraction a connu d’emblée un fort engouement du public, et s’est imposée dans le Top 3 du parc, où elle est restée depuis. Si c’était à refaire aujourd’hui, je ferais un pavillon plus grand, car on se rend compte aujourd’hui que la capacité est un peu légère, mais on constate aussi que la moitié des gens se contente de regarder ceux qui font l’attraction, et que les observateurs sont aussi contents que ceux qui tentent l’aventure. Dans le futur, nous allons augmenter les effets dans la salle, refaire aussi le pre-show pour lui donner un petit coup de jeune, autour du thème de l’homme « augmenté par le robot ».
La suite de cet entretien sera bientôt publiée sur ESI | |
|
| | TCJ • Administroscope
Lun 1 Nov 2010 - 11:41 | |
| La dernière partie de l'entretien avec Dominique Hummel, par Effets-Spéciaux.info est en ligne ! Au menu : le retour sur le succès d'Arthur l'Aventure 4D, et quelques pistes sur des changements de fond et de forme pour le pavillon des Animaux du Futur et le Tapis Magique ! |
|
Interview de Dominique Hummel
Permission de ce forum: Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
|
| |